Petit oeil sur le centre

           Ces trois semaines m’ont permis de prendre le temps de découvrir le centre, d’observer comment les filles du centre s’organisent et travaillent, comment elles s’occupent des enfants. J’ai observé également les enfants, et ce n’est pas une mince affaire.

 La première fois que je suis allé au centre j’ai découvert 12 enfants allant de 8 ans à 5 mois. Ce sont des enfants plus ou moins marqués par la dénutrition. Mais le plus frappant les premières fois, se sont leurs yeux lointains, passifs et tristes. Ils ne bougent pas tellement, peuvent rester des heures au même endroit sans broncher. Ce ne sont pas des enfants qui sont en interaction bienveillante avec le groupe : Ils se battent entre eux, piquent des colères dès que l’objet de convoitise est pris par quelqu’un. Se ruent dans nos bras et ne peuvent plus s’en défaire sans pleurer. La preuve vivante que tous ces enfants ont vécu et vivent de terribles angoisses de séparation et d’abandon, et ne savent pas y faire face. Ce sont des enfants en perpétuelle frustration. Et le fait qu’il soit hospitalisé longtemps sans voir leurs parents accentuent certains déficits. Il est dur de trouver la bonne distance entre les cajoler, répondre à leurs attentes ou les ignorer. Ce n’est pas simple du tout et parfois le moral peut en prendre un coup…

Mais déjà le meilleur apprentissage pour chacun c’est comme entre le renard et le Petit Prince : venir chaque jour un peu afin que l’on puisse s’apprivoiser.

Et effectivement en trois semaines chaque jour nait pleins de petites victoires chez les enfants et dans son interactivité avec les autres, se sont des petits pas, rien n’est gagné et rien n’est acquis mais les voir jouer, gambader, babiller, manger, sourire, regarder autour de lui, venir vers les adultes, ce n’est que du bonheur.

Le fait que l’on soit deux volontaires dans ce centre permet de pas mal parler de nos ressentis, de nos projets, de se soutenir et d’aller de l’avant. Tout est une question de temps, temps d’observation, temps de mise en pratique, en janvier j’intègre le roulement avec les filles du centre, je ferai une semaine matin, une semaine soir (comme mes collègues infirmières en France qui sont en 7h !)